Un bonnet sur la tête, un long manteau, une écharpe qui recouvrait la moitié de son visage et une bonne paire de lunette. C'était là le costume de Chandler et on pouvait noter des cheveux blonds qui n'était rien de plus qu'une belle perruque. Il était posé non-loin du centre de la ville, buvant tranquillement un café. Dans quelques minutes le maire allait piocher petit à petit les noms et créer les groupes de la chasse au trésor. Chandler avait tout planifié. Tout mit en place pour que son nom tombe avec celui d'une personne en particulier. Ce n'était pas un coup de bol, une chance. C'était prévu, planifier. Le premier nom que la maire piocha fut celui d'Harysta Mendler et celui juste après, celui que Chandler avait décidé de piocher. Loin d'être une coïncidence, Chandler avait prévu le coup. Il regardait alors Harysta montait sur l'estrade et prendre l'enveloppe redescendant cherchant sans doute la personne avec qui elle devrait jouer à ce jeu stupide. Une chasse au trésor, non, vraiment ? Qui avait décidé d'un truc aussi con le soir du nouvel an.

Posant quelques pièces sur sa table, Chandler se leva et alla se fondre dans la foule pour se retrouver près d'Harysta. Une main légèrement posé au bas du dos de celle-ci, il l'a poussa à marcher et donc à s'éloignait sans la regarder.

« - Enchanté de vous connaitre Harysta, allons attendre le départ un peu plus loin, voulez-vous ? » Oh, un peu plus loin, c'était juste près d'une intersection. Histoire de pouvoir kidnapper la demoiselle toute en discrétion. Il se tourna alors, baissant un peu son écharpe. « - J'espère que vous ne vouliez pas vraiment jouer, j'ai d'autres projets pour vous. » Il sortit de la poche de son manteau, un mouchoir imbibé de Chloroforme. La pauvre allait en ressentir les effets négatifs à son réveil, mais ça, Chandler s'en fichait. Il voulait juste qu'elle soit plus... docile. Alors ce n'était pas grave si à son réveil, elle allait avoir mal à gorge et allait pleurer à cause de ses yeux irritaient. D'un geste très rapide, il posa son mouchoir sur le nez de la jeune femme, la tenant de manière à ce qu'évanouie, elle ne tombe pas à terre. Il recula une fois la demoiselle dans les vapes et la fit entrer dans une voiture qu'il avait volée dans la matinée. Sans que personne ne s'en rend compte, il quittait le centre de la ville pour se ruer ailleurs, plus loin... dans les bois.

Ce soir, personne n'allait se promener, personne n'allait traînait là et il n'allait pas être idiot au point de montrer sa cachette à la jeune femme. Il l'attacha à un tronc et attendit une bonne heure avant que la jeune femme ne commence enfin à se réveiller. Il avait calculé la dose. Assis sur une chaise, visage enfin visible, Chandler avait l'air le plus à l'aise du monde. Ce qui ne devait pas être le cas de la jeune femme qui avait els fesse à terre et les mains attachés à un arbre.

« - Tu n'imagineras pas le stress que j'ai eu pour organiser tout ça. Je pense que j'dois avoir deux ou trois cheveux blanc, mais bon, je vais vite m'y habituer. » Il haussa les épaules. Il était très loin de toute civilité. Elle allait vite se rendre compte qu'hurlait était... inutile. En réalité, il était très, très proche de la frontière de la ville.

J’avais hésité à participer à la fameuse célébration du nouvel an de la ville. Une chasse au trésor, qu’ils avaient dit. J’étais sceptique et curieuse à la fois. Je voulais m’intégrer, ça ne faisait pas de doute, quoique je l’étais déjà un peu, puisque j’étais arrivée depuis presque un an maintenant. Mais quand je voyais le résultat du bal, je ne pouvais m’empêcher d’être réticente. J’avais peur que ça finisse mal, que l’on me rejette même, alors que je n’avais jamais été assaillie par ce genre de doutes. La ville avait un effet étrange sur moi, comme si elle me déréglait.

Je m’étais finalement décidée. Si tout se passait bien, nous ne pouvions passer qu’une bonne soirée, après tout. Les habitants avaient l’air d’y être habitués, alors pourquoi ne pas me prêter au jeu ? Je m’affublai d’une tenue quelque peu élégante mais qui se prêtait tout de même à la marche. Une chasse au trésor, ça nous faisait bouger, par définition. Alors autant ne pas s’encombrer d’emblée. Mon nom dans le panier, j’arrivai en centre ville alors qu’il commençait à recueillir pas mal de monde. Comme à mon habitude, et comme je l’avais fait pendant le bal, je me postai en retrait. Cela me rassurait, surtout après les récents événements. Ce à quoi je ne m’attendis pas fut de voir mon nom pioché en premier. Je m’avançai, hésitante, afin de monter sur l’estrade, après que le nom de mon coéquipier fut sorti à son tour. Je ne connaissais pas la consonance dudit nom et après avoir récupéré l’enveloppe contenant l’indice, je redescendis en le cherchant des yeux. La personne devait bien avoir entendu le résultat et était censée me rejoindre, en toute logique.

Finalement, ce fut un jeune homme qui se présenta à moi et m’incita à nous décaler de la foule, sûrement pour ouvrir l’enveloppe et discuter du prochain endroit à découvrir. « Enchanté de vous connaitre Harysta, allons attendre le départ un peu plus loin, voulez-vous ? » Je lui souris en répondant à mon tour. Mais alors que je m’apprêtai à ouvrir la lettre, il enchaîna. « J'espère que vous ne vouliez pas vraiment jouer, j'ai d'autres projets pour vous. » Je le regardai sans comprendre, fronçant les sourcils. Loin de moi l’idée de ne pas vouloir faire connaissance, mais nous nous étions inscrits pour la chasse au trésor, ça n’était pas pour nous dérober maintenant. « Euh, je… » Je n’eus pas le temps de finir ma phrase que je me retrouvai avec un mouchoir sur le nez, sombrant dans le noir.

C’était bien ma veine. Lorsque je commençai à retrouver mes esprits, je ressentis une pression dans mon dos et mes bras tirés. Le temps d’émerger, je réalisai que j’étais assise, et attachée à un arbre. Arbre ? Nous n’étions donc plus en centre ville… Quelle cruche j’avais été de bien vouloir m’éloigner de la foule. J’avais mal à la nuque et la redressai avec une grimace. Je tremblais un peu, je le sentais. Si j’avais un peu froid, j’avais surtout une trouille énorme. Au beau milieu de la nature, ainsi éloignée de tout, je pouvais bien mourir qu’on ne s’en apercevrait pas. L’homme était en face de moi. Quel était son nom déjà ? Incapable de m’en souvenir. « Tu n'imagineras pas le stress que j'ai eu pour organiser tout ça. Je pense que j'dois avoir deux ou trois cheveux blancs, mais bon, je vais vite m'y habituer. » Je me retins d’écarquiller les yeux. Comment pouvait-il être aussi zen ? Je tentai de bouger mes poignets, en vain. Il les avait bigrement bien attachés. D’ailleurs, nous étions passés au niveau supérieur ; il me tutoyait. Plissant les yeux, j’essayais de réfléchir à qui pouvait bien se trouver en face moi. « On se connait ? » Autant commencer par le début, non ?

Elle se réveilla, reprenant peu à peu conscience de ce qui était arrivé. Chandler venait de la kidnapper et l'avait conduit dans un endroit très isolé de la forêt. Il avait ses raisons et Harysta n'allait pas tarder à comprendre pourquoi Chandler l'avait choisi elle et pas une autre. Il fallait voir les choses en faces, personne n'aurait aimé que le cinglé de la ville lui tombe dessus et pourtant, Harysta n'avait pas l'air de comprendre qu'elle était en face du fameux Chandler dont ont parlé si bien dans les journaux. Il faut le dire, cela irrita légèrement Chandler.

« - Oui et non. » Chandler croisa les bras se rapprochant un peu plus, histoire de bien voir le visage d'Harysta. Avait-elle peur ? Sans doute, mais étrangement Chandler n'était pas là pour lui faire du mal. Il n'en avait pas la moindre attention, du moins pour l'instant. « - J'aurais aimé qu'on parle autour d'un café, mais j'ai dans l'idée que tu aurais fuie en me voyant.... J'ai donc pris quelques précautions. » Et quel précautions ! La pauvre allait devoir subir un moment le froid et le silence. Sans oublier la présence d'un meurtrier. Car oui, Chandler c'était un meurtrier, mais il ne culpabilisait pas pour ça. Il mettait tout ça sur le compte de la Reine.

Il met ça sur le compte de la malédiction.

« - Je ne vais pas te faire de mal, je veux juste... qu'on parle. » Sa voix était d'un coup étrangement plus calme. Il prenait tout ça très aux sérieux, mais il n'avait pas confiance en elle et il n'allait pas la lâcher avant un moment. Il voulait qu'elle comprenne des choses, qu'elle réalise ce qui se passait autour d'elle. Taleville n'est pas une ville comme les autres et Chandler l'avait découvert. Il l'avait compris.... Il avait compris qui il était vraiment dans des circonstances qui l'avaient troublé. Il devait maintenant dire la vérité aux autres.

« - Dit moi Harysta, est-ce que tu crois à la magie ? » Chandler venait de se redresser, son dos coller à la chaise. Il fixait la jeune femme avec un sérieux qui ne lui ressemblait pas

Je ne sus dire dans quel état d’esprit il se trouvait, et j’étais aussi curieuse et soucieuse de l’apprendre. Un homme qui kidnappait n’était pas sain d’esprit, et pourtant il avait l’air tout à fait calme et à l’aise. « Oui et non. » Je haussai les sourcils. C’était tout ? Ça ne me disait pas qui il était, et je n’arrivais décidemment pas à savoir si son visage m’était familier ou non. Il s’approcha un peu plus. Je ne savais pas si je devais être effrayée ou pas. C’était assez troublant. « J'aurais aimé qu'on parle autour d'un café, mais j'ai dans l'idée que tu aurais fui en me voyant.... J'ai donc pris quelques précautions. » Qu’il était-il pour que cela me donne une raison de fuir ? Certes la situation ne prêtait pas à la confiance mais je ne connaissais personne en ville capable de faire un tel effet. A vrai dire je ne connaissais personne de potentiellement dangereux, mais on ne connaissait jamais assez bien ses voisins, pas vrai ? Il me rendait encore plus perplexe. « Je ne vais pas te faire de mal, je veux juste... qu'on parle. » Bien. Qu’il parle alors. Je ne pouvais rien faire, et je n’allais pas me risquer à dire quelque chose que je pouvais regretter, il n’avait donc rien qui le retenait, et il commençait à se faire lourd. J’aurais pu être à mon habitude patiente, mais dans une telle situation, on changeait. Et je voulais savoir ce qu’il souhaitait me baragouiner. « Dis-moi Harysta, est-ce que tu crois à la magie ? » J’avais envie de faire les yeux ronds, mais je restai impassible. Il s’était redressé et s’était adossé à sa chaise. Mais bon sang, qu’est-ce qu’il me sortait là ? Il était bourré ? Pourquoi me kidnapper, m’attacher, et me demander à ce qu’on parle si c’était pour évoquer un sujet si absurde ? S'il souhaitait que je prenne part à la conversation, il allait devoir se faire un peu plus… précis. Si je croyais à la magie ? Quel type de magie ? Les fantômes ? La vie après la mort ? Les pouvoirs ? Les phénomènes paranormaux ? La vie sur d’autres planètes ? Les invasions aliènes ? Il était bien trop vague. « Définis « magie ». » Il me tutoyait, je n’allais pas me gêner. S’il souhaitait une réponse, il allait devoir faire des efforts. Je n’étais certes pas en position de marchander, mais il ne fallait pas pousser. Je pouvais avoir peur comme tout le monde, mais j’étais une forte tête. Je me calai un peu mieux contre le tronc ; je supposai que je n’allais pas en bouger avant un moment. Autant rendre ce moment plus confortable, si tant était que je pus encore utiliser ce mot. « Pourquoi vouloir parler de « magie » avec moi ? » Elle aurait dû être ma première question, en fait. Que cachait-il pour vouloir m’obliger à l’écouter parler de ce genre de choses ?

Se retrouvant dans les bois, avec personne au loin pour vous aider, en face d'un meurtrier-voleur... c'est quand même loin d'être la situation la plus rassurante du monde. Chandler était sûr de son coup, il savait que c'était ce qu'il devait faire. Il savait qu'elle était celle à qui il devait parler, à qui il devait dire la vérité. Harysta était la première, l'enfant qui avait décidé de revenir à Taleville sans savoir le destin qui allait être le sien. Elle ne se rendait pas compte à quel point elle pouvait changer les choses et d'un côté rien que sa présence avait changé les choses. Il lui posa alors une question, une seule. Croyait-elle à la magie ? Elle resta impassible, étrangement. Il aurait préféré qu'elle fasse des gros yeux, qu'elle le traite d'abrutis, peu importe. A la place, elle lui demanda de définir le mot « magie »

Ce qui le fit rire. Un vrai rire, du style vous ne pouvez-vous arrêtez avant un moment. Il faut dire qu'Harysta était plutôt... charmante. Surprenante aussi. Définir magie. Quelle question ! Il s'arrêta alors, reposant ses yeux sur la jeune femme toujours attaché à son tronc d'arbre. Elle lui posa alors une nouvelle question, pourquoi.

« - Pas si vite demoiselle. Chaque chose en son temps. Tu es du genre impatient toi, non ? » Il lui fit un sourire, un très beau sourire comme pour lui dire de se calmer un peu, de ranger cet air frustré et mécontent et de profiter un peu du calme de la nuit paisible. C'était ridicule vu la façon dont elle était attachée. « - Je te parle de magie, de vraie magie. Pas de tour de carte à deux francs ou encore de choses paranormales comme les fantômes dans les châteaux hantés. Moi je te parle de pouvoirs, de potions, de malédiction. » Un nouveau sourire apparus sur le visage de Chandler, plus heureux et sûr de lui que jamais : « - Comme celle que l'on trouve dans les contes de fées. » Il changea son sourire par un regard qui se voulait plus sérieux que jamais.

« - Alors, crois-tu en la magie ? » Il se doutait, au fond de lui, qu'elle dirait non. Il ne savait pas pourquoi, mais il le sentait. Une partie de lui savait qu'il allait devoir dévoiler certaines choses, tentait de lui faire comprendre d'où elle venait, mais pas seulement. Elle devait comprendre que Chandler n'était pas du côté des méchants.