Le temps était plutôt bon pour la saison… mais surtout, j’avais un jour de repos, alors à quoi bon s’encombrer à rester chez soi. Au réveil, j’avais fait une crise filmothérapie. Je m’étais fait trois films à la suite avant de me décider à bouger. Je n’aimais pas rester enfermée. En fait, j’aurais aimé que la neige commence à tomber. J’aimais tellement la neige mais il était encore trop tôt et puis il faisait trop doux. Cette année, peut-être aurais-je le courage de patiner si le lac était gelé et qu’on était sûr que la glace était assez épaisse. Mais rien qu’à l’idée de toute cette eau… J’en frissonnais. C’était une période ravissante de l’année quoi qu’en disent les gens. Bien sûr, j’aurais aimé que mes parents soient là et Griffin mais… ça ne servait à rien de se torturer avec le passé.

Une fois dehors, dans le froid, je commençais à me rendre compte du pourquoi je n’étais pas sortie ce matin. Il faisait glacial. Doux ? Je m’étais trompée sur toute la ligne. Facile de dire qu’il fait doux quand le chauffage fonctionne et qu’on a juste ouvert la fenêtre pour voir. Finalement, l’hiver n’était peut-être pas aussi loin que je ne l’avais cru. Je rentrais en trombe pour attraper mes gants et mon écharpe. C’était beaucoup mieux. Je me frictionnais les mains et parti à pieds d’un pas décidé pour aller me chercher un thé bien chaud et un morceau de gâteau au sucre. C’était la période de l’année où j’en engouffrais un peu trop. Tiens… je ferais un détour tout à l’heure par la mairie pour en apporter un à Regina.
En attendant, je n’avais pas fini mon petit tour. Je n’avais pas encore assez pris l’air aujourd’hui alors je flânais en regardant les boutiques. Des choses que je n’achèterais sûrement jamais. J’étais plutôt discrète dans mon genre je crois. Et ça me plaisait d’être la fille invisible aux yeux de presque tout le monde. Au moins ne s’intéressait-on pas trop à moi.

Une fois sur la place, je m’installais tranquillement sur les marches du kiosque qui commençait à être bien décoré. On s’y prenait tôt cette année… sans doute à cause du bal. C’est là que je le vis passer… Son portrait craché, presque son reflet… Pacey. Je souris, le regard lointain, l’espace de quelques secondes et puis je l’appelais. Il y avait un petit moment que nous ne nous étions pas parlé lui et moi. Je crois qu’il n’y avait pas meilleure occasion. « Pacey ? Comment vas-tu ? Depuis tout ce temps. » Il n’y avait pas des mois que nous avions parlé, quoi que… cela devait quand même bien faire un mois ou deux. Le temps passait trop vite, dire que je m’entêtais à veiller sur lui alors qu’il n’avait pas besoin de moi. Mais c’était plus fort que moi avec lui… Pourtant, j’avais vraiment peu de l’ennuyer et le déranger mais c’était comme ça. Avec lui, j’avais cette envie farouche de l’aider, le protéger, le conseiller. C’était ridicule. Griffin ne m’avait rien demandé, il n’avait même rien dit avant de nous quitter.
En fait… de temps en temps, je m’assurais que Pacey n’avait pas développé cette passion qu’avait son frère pour la moto. Je crois que je n’aurais pas supporté et puis c’était dangereux. La preuve n’était d’ailleurs plus à faire. En y réfléchissant bien… je ne savais pas vraiment s’ils avaient été proche tous les deux.
Il y avait tellement de choses dont j’ignorais tout à propos des gens qui étaient proche de moi et ils étaient pourtant si peu… C’était effrayant.

Je ne m’attendais pas à voir Pacey dans la rue. Non pas que ça n’était pas chose normal que de croiser des gens mais plongée comme je l’étais dans mes pensées, j’avais été un peu surprise de l’apercevoir. En tout cas, il ne semblait pas ennuyé de me voir ou de venir me parler. Il vint tranquillement, apparemment mis en joie par les fêtes approchantes. « Ohh coucou Lizbeth, ça va et toi ? » Je souris. « Je vais bien, tu sais, la vie va et vient comme elle l’entend. Je savoure chaque jour, comme toujours. Tu t’es pris un petit jour de congé ? » Il devait en voir des vertes en tant que chef de restaurant. C’était impressionnant. Je n’avais personne pour me reprocher de continuer à servir au restaurant mais après tout… Avoir fait des études ne voulait pas forcément dire qu’on ne pouvait faire autre chose. J’aimais mon travail. Je ne pensais pas m’y réfugier. Je continuais de vivre et d’avancer. Du moins, c’était l’impression que j’avais. « Pas trop de complications ? C’est que ça ne doit pas être particulièrement évident de gérer ça comme ça. » Je m’inquiétais pour lui bien sûr, comme toujours. « Si tu as besoin d’aide en salle un jour où je ne travaille pas, n’hésite pas à le dire surtout, je viendrais t’aider avec plaisir. » C’était sincère, j’étais prête à l’aider autant qu’il m’était possible de le faire. Je connaissais bien ce job après tout.

« J’y pense, je comptais aller me chercher un thé et un morceau de gâteau. Si tu en as envie, on peut aller boire un thé ensemble histoire de nous réchauffer non ? » Je trouvais l’idée assez bonne et puis ça nous permettrait de discuter au chaud. Cela faisait quand même un moment que nous n’avions pas vraiment discuter et je ne voyais rien de plus propice à la discussion qu’un thé ou un café. J’espérais juste qu’il éviterait le sujet du bal. Cette histoire me perturbait encore beaucoup et j’en arrivais à me demander si je n’avais pas eu un impacte quelconque involontaire. Je restais assez souvent persuadée que je portais malheur. Je ne manquais pas d’événements pour me rappeler de me poser la question. Mes parents, Griffin, cette inconnue et que sais-je d’autre encore. J’étais persuadée que ça n’était pas tout.
Toujours assise, j’attendais la réponse de Pacey, qui je l’espère, serait positive. Il ne faisait pas chaud du tout et après mûre réflexion, je commençais à avoir atrocement froid.