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 Wide Awake ▬ Ruben

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Lisbeth Nogard

Lisbeth Nogard

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MessageSujet: Wide Awake ▬ Ruben   Wide Awake ▬  Ruben EmptyDim 10 Mar - 16:41



La nuit tombait comme une traînée de poudre. Lisbeth pouvait l'observer prendre la place de l'astre solaire, le pousser de l'autre côté de la colline pour finalement l'engloutir entre les pans de sa robe nocturne. Le calme tombait petit à petit sur Taleville si ce n'est les bruits de pas du voisin du dessus venant altérer à ce doux silence reposant. À demi allongée sur le sofa du salon de son petit Studio, la jeune femme glisse ses doigts dans sa longue chevelure brune, fixant inlassablement les mèches acceptant volontiers d'être passées au peigne fin de ses longs doigts bandés. Si ses mains étaient ainsi recouvertes, c'était bien parce qu'elle avait énormément de mal à se faire aux plaques à induction sur lesquelles elle cuisinait et qu'à chaque fois qu'elle les allumaient afin de faire chauffer l'eau de ses pattes -l'un des seuls plats dont elle connaissait la pseudo recette-, ses mains venaient s'y poser comme appelées par la chaleur de ces dernières ... Qu'aurait dit Ruben s'il avait vu cela ? Se serait-elle une fois de plus pris en pleine face ces réflexions qui la faisait autant sortir de ses gonds que ronronner de bonheur ? Car même s'il s'agissait de reproches, la plupart du temps, Lis' les acceptait volontiers. Ils étaient le combustible nécessaire à son embrasement, sa libération. Ruben était son frère mais également la personne qui la faisait le plus réagir. Lors de leurs altercations, elle se sentait plus vivante que jamais ...

La table basse à seulement quelques mètres de son bras tendu au dessus du vide, il ne lui fallut qu'un léger déplacement impulsé par sa jambe gauche pour que le verre de vin aussi rouge que le sang ne soit saisi entre ses doigts qui, habilement, se refermèrent sur le pied du cristal. Lisbeth possédait très peu d'objets de valeur mais pouvait compter quelques pièces uniques et onéreuses léguées par une grand-tante dans son testament. Elle qui n'y voyait pas grande utilité était finalement heureuse de pouvoir s'en servir et remerciait intérieurement sa tante de l'avoir poussée à acheter de quoi remplir ces fabuleux verres n'attendant que d'être remplis. Lisbeth n'était jamais en tort, les autres eux, en revanche, avaient du soucis à se faire ! L'accident lui ayant coûté une jambe était la faute du camionneur, ses rêves déchus étaient celle de Ruben et le fait qu'elle boive à présent du vin n'était dû qu'à ce lègue de feu sa tante. De nombreuses choses pouvaient être déchargées sur le dos des autres et, ainsi, Lisbeth n'avait jamais à s'en vouloir personnellement. Sa vie était donc on ne peut plus tranquille et ses épaules ne portaient nul fardeau. Le stress lui était méconnu et s'en vouloir personnellement n'était pas chose fréquente dans sa vie. Miss Nogard était plutôt satisfaite de tout ce chemin parcouru et à présent qu'elle avait d'autres objectifs à atteindre, elle se sentait on ne peut plus épanouie. Une seule chose vint ternir cette soirée d'ennui : l'orage.

L'atmosphère avait été lourde tout au long de la journée. Même si le printemps approchait à grand pas, l'on s'étonnait toujours de voir le climat ainsi bouleverser et d'avoir aussi chaud aussi soudainement. Les petites tenues avaient donc été ressorties l'espace de quelques heures et à présent que tout le monde était rentré chez soi, il faudrait parvenir à dormir et ce même si les craquements lancinants déchirant le ciel de leurs rayons aveuglants feraient sursauter les âmes profondément endormies. Cela dit, ça n'était pas chose gagnée pour Lisbeth qui, dès le premier éclair, sursauta et manqua de tomber du sofa. En plus de l'eau, rien ne lui faisait plus peur que l'orage et elle se voyait mal passer toute la nuit seule alors que son frère aurait jadis accepté qu'elle se glisse sous ses draps et ne se serre contre lui pour parvenir à s'endormir sereine. L'institutrice en devenir avait beau être une femme, avoir pris son indépendance et ne compter que sur elle même la plupart du temps, elle ne pouvait jamais se passer de son frère bien longtemps; raison pour laquelle elle ne tarda pas à enfiler sa longue veste couleur émeraude et fermer la porte à clé après être sortie de chez elle. L'inquiétude se lisait sur son visage. Comme un chaton apeuré, ses grands yeux appelaient à l'aide sans qu'il n'y ait jamais personne sur son chemin pour la calmer. Est-ce Grim s'occuperait d'elle si elle le croisait dans les rues à une heure aussi tardive ? Prendrait-il soin d'elle comme il avait pris soin de son frère ? Il avait beau avoir fait partie de sa vie durant toutes ces années, elle ne savait pas vraiment comment le considérer. Était-il un second frère dont elle ne connaissait presque rien ou une connaissance par le biais de Ruben ?

Grim accompagna ses pensées alors que le claquement de ses bottines martelait le sol d'asphalte en un "clac clac" sourd et irrégulier et pour cause, sa jambe artificielle n'allait pas au même rythme que sa jambe valide ... Ainsi eut-elle le temps de voir la pluie tomber et la tremper en moins de temps qu'il en faut pour le dire. L'appartement de Ruben se rapprochait mais la pluie ne cessait de tomber ... Serait-elle électrocutée si elle avançait un peu plus vite ? En un dernier élan, elle parvint à atteindre le pas de la porte de l'immeuble de son aîné et gravit les quelques marches avec difficultés après être parvenue à entrer. Ne restait plus qu'à atteindre l'étage où il logeait et frapper à sa porte jusqu'à ce qu'il daigne répondre et la libérer de sa peur. Ses membres tremblaient, sa "jambe" droite menaçait de fléchir à tout moment mais Lisbeth tint bon. Abandonner ne faisait pas partie de ses plans, encore moins lorsqu'il était deux heures du matin et qu'elle avait l'opportunité de réveiller Ruben. Cela l'embêtait un peu de le déranger en pleine nuit mais lorsqu'elle l’apercevrait et qu'elle se blottirait entre ses bras chaud, la culpabilité aurait bien vite fait de s'évanouir pour laisser place au soulagement et au bien-être retrouvé. Qu'est-ce qu'il ne fallait pas faire pour être bien ... Elle avait bien songé à emménager avec lui mais ne pas vivre au rez-de-chaussée était un véritable handicap pour elle à présent. Et puis, aurait-il accepté de partager sa vie d'adulte avec sa sœur comme ils le faisaient étant gosses ? Après tout, ils avaient bien émigré dans la même ville alors, pourquoi ne pas faire de collocation ?

Son petit poing ne tarda pas à marteler la porte massive lui bloquant l'accès à l'appartement de son frère. Ses longs cheveux dégoulinants de pluie recouvraient ses épaules déjà bien trempées. Heureusement pour elle, les chemises de son frère ne manquaient pas et miss sans gêne savait déjà qu'elle ne perdrait pas de temps non plus pour se glisser jusqu'à son placard à vêtement afin d'y dérober ce qu'il fallait pour ne pas attraper de rhume. Dirait-il qu'elle était folle de faire tout ce chemin de nuit ? S'y attendait-il ? Trépignant d'impatience, Lisbeth peinait à prendre appui sur sa jambe gauche et espérait qu'il émerge bientôt du probable sommeil de plomb dans lequel il était plongé. « Allez Ruben ... dépêche-toi ... » soufflait-elle tout bas en observant la flaque d'eau grandissant à ses pieds.

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Ruben Nogard
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Ruben Nogard

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MessageSujet: Re: Wide Awake ▬ Ruben   Wide Awake ▬  Ruben EmptyDim 10 Mar - 18:16


Le sommeil difficile, les yeux rivés sur un horizon qui petit à petit, commence à devenir noir. Fade, mystérieux à sa façon, et que serait la nuit dans son temps si connu ? Adossé à un mur, la fenêtre me fait face, je regarde, j'écoute. L'appartement est vide pour la première fois cette semaine, Silas n'a pas eu la bonne idée de revenir encore une fois, pour tout dire, ce n'est pas pour me déplaire. Ce vide me laisse le temps de réfléchir, de cogiter à bien des choses et s'il s'avère être le premier dans mes pensées, il est d'autres personnes sur qui je peux aussi poser mon dévolu sans qu'elles le sachent. Prendre des substances pour s'envoler quelques heures, oublier les soucis, virer d'un monde à un autre, et puis fermer un jour les yeux, sans le remarquer, sans le comprendre. Les ténèbres complètes qui enlisent la famille Nogard, ce n'est plus qu'une évidence pour tous à Taleville. Un décès tragique qui aura valu des séquelles chez les pauvres enfants, qui en plus de plusieurs accidents, ont finis par ne plus s'entendre, si ce n'est se haïr jusqu'à la moelle. Une mère qui préfère adorer un enfant plus que l'autre, mettez tout ceci dans un bol pour former un personnage tel que moi. Plus bougon qu'il ne le faudrait, si ce n'est carrément associable et enfermé dans une bulle d'acier que personne n'arrive réellement à transpercer. Lisbeth aurait pu être une exception, mais, le destin en a voulu autrement. Grim, seul personnage capable de découvrir ce qui peut se cacher derrière ma touffe de cheveux. On revoit l'enfant, puis l'adulte qui ne fait que grandir, les effets autour de nous qui nous dévorent de l'intérieur. Ce ne sont que des monstres, et parait-il qu'enfant j'étais toujours aussi turbulent, je me doute que ma mère a été une claque décisive dans mon visage. Une préférence pour la jolie brune sachant danser, pendant que l'autre qui préfère se renfermer ne fera rien de plus dans sa vie. Inspirant un long instant, la fumée me brûle les poumons. C'est étrange, mais depuis que je suis au courant de secrets enterrés dans le fond du jardin, j'y ai pris goût. Une manière d'oublier les cadences frénétiques et catastrophiques de mon coeur, surement, à en supposer. Mes mains se glissent alors sur le rebord, ce bâton de cancer se consumant dans le creux de mes lèvres. Une nuit durant laquelle je ne dormirais surement pas. L'orage bien trop fort, bien trop puissant, je l'entends claquer lourdement contre mes tympans. Longue, difficile, peut-être que d'ici quatre heures du matin il ne sera plus présent, ou qui sait, la nuit noire deviendra blanche pour moi, et seule mes cernes pourront témoigner de ma fatigue constante. Enfant un rien peut nous faire hurler, et du plus loin que je me souvienne, quand je désirais à me faire une place dans le lit conjugale, je n'avais droit qu'à cette seule et unique phrase : Ruben, tu es grand maintenant. Il suffit d'affronter les grondements du ciel, les yeux dans les yeux, et ce n'est que ce jour où j'ai vu cet éclair transpercer les nuages que cette horreur a fini par disparaitre, au fil des secondes. Je me sentais comme invincible, invaincu. Il n'en jamais été du même cas que ma soeur cadette. Je ne pouvais trouver personne qui me voulait dans ses bras, non, mais elle, venait me trouver moi. Se blottir dans mes bras, dans mon lit, en arrêtant de pleurer par la suite. Il n'y avait que par cette manière qu'elle réussissait à s'endormir pleinement, et jamais, ô grand jamais je n'ai osé lui dire : Lisbeth, tu es grande maintenant. On arrive pas à dire non à des yeux larmoyants, à une voix fluette et tremblante, des doigts qui s'accrochent à votre couverture pour la tirer avec timidité. Sans coeur peut-être, mais pas totalement inconscient. J'ai peur Rub', protège-moi. Cette phrase lancée contre les parois de mon crâne, je secoue alors la tête. Y penser, se souvenir des instants uniques qui faisaient les enfants que nous étions, ces instants que parfois, j'arrive à regretter. Ma faute, la sienne, c'est un mélange de deux flammes. L'une bleue, l'une rouge. Le feu et la glace. Les yeux verts et les yeux charbons. Ne pas chercher plus loin, tout simplement. Si certains se complaisent dans les différences, nous, nous ne faisons que nous tuer dans notre ressemblance. Pourquoi, qui, quand, comment, personne ne saurait y répondre, et pas même moi. Pinçant alors ma lèvre inférieure, la cigarette se trouve dans un autre endroit, entre mes doigts. La fumée se reflète, et je me berce de la pluie s'écrasant sur le verre. Une belle journée pour un mélancolique, pour se remémorer les images, les rires et les joies. Inconsciemment, je me dis que peut-être la venue de Silas aurait été bonne, agréable même, me permettant de penser outre que la famille, qui se révèle être un sujet plus problématique qu'à l'accoutumé. Ce voisin du dessous avec ses blagues ô combien vaseuses, ses remarques à vous en déprimer le plus heureux, à vous enfermer dans une cage de sourires pour une soirée. Je pourrais à venir chez lui, même chez Grim. Mais, en vue de l'heure, je doute que ma venue sera acceptée comme je peux à le penser, après tout, on ne peut accueillir quelqu'un les bras ouverts, non, surtout quand celle-ci se révèle du genre à se cacher derrière des apparences. Je veux rêver, je veux dormir, mais, si cela en est de fixer un plafond, je n'en vois pas l'utilité. Attendre seulement, calmer les nerfs qui ne sont pourtant pas à vifs et se concentrer sur les sons internes. Le craquement glauque du bois, le battement d'un coeur et pour finir, les bruits du temps. Le vent, l'eau, et les voitures qui passent parfois.

Solennel, comme par dessus un cimetière. Plus haut, pour pouvoir admirer les méandres d'un ciel qui se veut bien capricieux en cette nuit. Les nuages sont sombres, avec une nuance violette qui leur accorde la même couleur qu'un dragon vicieux. On en vient même à admirer les hurlements du tonnerre, l'orage qui peut faire pleurer bien des enfants. J'imagine déjà des bambins roulés en boules dans leurs lits, sanglotants, ne pouvant se retrouver dans un autre lit, dans une autre pièce, seulement pouvoir écouter et se protéger grâce à leurs couvertures colorées. S'il n'en est de la bestiole du placard ou même de l'araignée sous le lit, l'enfance candide révèle bien des zones d'ombres. Parce qu'on ne sait pas, on ne connait pas, alors on laisse les larmes défiler sur nos visages, parfois même, on hurle parce que l'échappatoire ne sera jamais présent. Le couloir sombre sera toujours là, le croque-mitaine sous le lit aussi et le lézard dans le coin du mur sifflera encore et encore. Jusqu'à ce que l'affrontement se fasse, et ces créatures de rêves comme de cauchemars, disparaissent. Le monde des adultes un jour vient à nous prendre directement à la gorge, avec une telle violence qu'on s'en étouffe presque. Accepter l'idée qu'il ne faut plus se coucher avec cette boule ragoutante dans l'estomac, ne plus hurler au moindre grincement de dents et surtout, ne pas cauchemarder le reste de la nuit sur des créatures imaginaires. Le bâton blanc dorénavant mort, j'ouvre la fenêtre pour le jeter à travers le vent. Qu'importe réellement où elle finira, elle se consumera totalement en temps voulu. La fumée s'échappant de ma gorge pour venir s'écraser sur le plafond, je fronce alors les sourcils. Quelqu'un toque, et sur le coup, j'ai plus l'impression d'une mauvaise blague que quelque chose de sérieux. Mon cerveau doit à me jouer des tours, surement. M'étirant et faisant par la même occasion craquer mes os, il continue. C'est étonnant, presque plus impulsif au fur et à mesure que je laisse à tomber cette idée qu'une personne vient à me voir. Aurais-je été entrain de dormir que j'aurais grogné, et que mon visage ne serait même plus trop visible, peut-être que ma mine énervée aurait tranchée l'idée de venir me déranger en plein sommeil. Malgré tout, je suis bel et bien vivant, debout là, présent. Je n'ai d'autre choix que d'ouvrir. C'est contre toute attente, que je découvre une femme trempée face à moi. Pas n'importe laquelle, ça non. Lisbeth Nogard, la deuxième de la famille et la dernière. Qui plus est, la plus brisée de nous deux. Nous ne sommes que de pauvres jouets jetés dans des poubelles malodorantes. Brisée physiquement, quant à moi, il en est du mentalement. Se complaire là-dedans ? Surement. Systématiquement, je la regarde de haut en bas, de bas en haut, non sans avoir les yeux quelques peu écarquillés. Rub', protège-moi. Pinçant ma lèvre inférieure, j'ouvre un peu plus l'antre pour la laisser entrer. Je ne peux me résigner à la laisser ainsi, lui fermer la porte au nez, pas en ayant face à des yeux paniqués, à des cernes lourdes et à un corps surtout fatigué. « J'suppose que c'est à cause de l'orage ? » Simple formalité, inutile en bien des points, et même si je connais sa réponse à l'avance, je pose malgré tout ma question. Après tout, notre relation à ces jours se résume à ceci, un peu éphémère, stupide parfois, mais surtout explosive. Elle est la bombe, je suis l’allumette craquée. C'est une habitude pourtant, de la voir débarquer qu'il vante ou qu'il pleuve, tant qu'elle peut se trouver chez moi, loin de sa solitude dans son petit appartement, loin de l'orage, près d'une personne qu'elle connait. Je me suis souvent demandé, pourquoi moi ? Ne pourrait-elle pas appeler une amie ? Ou que sais-je ? Elle sait pourtant, pertinemment que les choses se finissent de la même manière. En hurlements, en critiques lancées dans les airs pour s'écraser sur nos coeurs et ne les faire saigner qu'un peut plus, à chaque fois. Lisbeth est un autre couteau planté dans mon âme. Passant une main dans ma tignasse, sans sourire, lui adressant seulement un regard, j'ajoute alors. « T'es trempée... Mais, j'crois pas que j'ai besoin de te montrer où fouiller pour trouver des vêtements. » Lisbeth se vêtira d'une quelconque chemise, ou pull m'appartenant, et la soirée se finira peut-être sur une note calme, un peu vide certes, mais différente des autres. Même si j'en doute, même si je sais que de toute manière nous n'avons besoin des politesses. Petite soeur, soleil brillant sous un ciel orageux, autrefois je la considérais comme telle. Elle le reste toujours, fidèle à sa personne, avec malgré tout, ses défauts et ses souffrances qui ne font que s'accentuer. Sa fausse jambe qui, quand je la croise, m'arrache un battement maladroit. Douloureux, culpabilité qui s'en mêle et surtout, la rage de ne pas avoir pu faire quelque chose. Chauffeur, danseuse, voiture, tout ceci ne fait guère bon ménage, et ses rêves ont été brisés secs. Malgré tout, je ne peux lui redonner, ce qui jadis la faisait rêver, la faisait s'envoler sur sa scène. La danseuse aux fils morts, aux fils coupés.
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Lisbeth Nogard

Lisbeth Nogard

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MessageSujet: Re: Wide Awake ▬ Ruben   Wide Awake ▬  Ruben EmptyJeu 21 Mar - 18:20

Sa tête acquiesce lentement peu de temps après avoir décidé de ne pas répondre de façon acerbe à sa supposition et pourtant, les idées ne manquaient pas. Non j'suis juste venue dans le but te pourrir la vie comme je sais si bien le faire ou encore Si tu crois vraiment que j'ai besoin de toi ou même [i]J'avais simplement besoin de ta force colossale pour resserrer les boulons de ma jambe de bois ... Ses yeux ne sont que deux billes aussi rondes que la lune illuminant le ciel à cet instant-ci. Les rayons de cette dernière les illumine à l'instant où l'habitant de l'appartement ouvre la porte en un léger grincement et seulement à partir de ce moment, le visage de poupée de Lisbeth s'anime. Ses paupières se font lourdes et s'abaissent avant de retrouver leur légèreté et découvrir le regard clair et presque agressif de la poupée favorite de Ruben. Ces traits tirés, inexpressifs s’affaissent finalement pour laisser place à une expression d'admiration sans cesse renouvelée à chaque fois qu'elle fait face à la silhouette massive de son frère qui la dépasse d'au moins deux têtes. Lis', aussi petite soit-elle, parvient à prendre appui sur la pointe de sa jambe gauche et sur la prothèse de sa jambe droite pour venir déposer un baiser froid sur la joue de Ruben, amusée de l'apparente indifférence masquant son visage. Même s'il n'a pas pour habitude de montrer ses émotions ou d'échanger avec elle en d'autres termes qu'à grands renforts de reproches, éclats de voix et critiques, la jeune femme apprécie grandement de le voir répondre à ces appels au secours. Peut-être même pourrait-elle en rajouter une couche en lui demandant de la porter ... après tout, elle était la plus à plaindre dans l'histoire et, franchement, qu'avait-elle à perdre ? Jamais Ruben n'avait manqué de respect à sa sœur au point de la frapper alors, fourbe, Lisbeth se permettait de tester ses limites de façon régulière. En guise de salut, en un murmure presque inaudible, s'échappent quelques bribes aux formes de reproches « Tu as fumé ... » suivies d'un froncement de sourcil et de nez ainsi que d'une longue expiration de sorte à ne pas laisser les dernières effluves de ces substances nocives qu'il se plait à absorber -et certainement refourguées- par Silas pénétrer dans son corps plus de temps qu'il n'en faut. Autant que faire se peut, de sa démarche maladroite, Lisbeth se déplace délicatement en direction de la fenêtre presque sans aucun bruit et passe sous le bras du frère qui, aussi froid que possible dont l'esprit fait renaître quelques vagues souvenirs d'une époque révolue, maintient la porte ouverte et la tire un peu plus histoire qu'elle parvienne à passer sans qu'il n'ait besoin de reculer.

Les membres tremblants, la mâchoire serrée, les yeux écarquillés, l'ex-danseuse revit ces échanges virulents qu'ils eurent le plaisir d'échanger à chaque fois que leurs regards se croisent. Brève bataille une nuit d'orage, le croisement de fer entre leurs iris ne dure pas bien longtemps et, lorsqu'il consent à passer une main dans sa chevelure bouclée sans exprimer la moindre émotion ou sans manifester la moindre réaction un tant soit peu humaine ou de compassion à son égard, elle ferme les yeux et inspire cette fois-ci. Chanceuse qu'elle est, elle se félicite toujours d'avoir perdu une jambe au lieu d'un organe car vivre grâce à quelqu'un d'autre, ça, elle n'aurait jamais pu le supporter alors que là, cette pauvre jambe de métal qu'il lui est possible de retirer et remettre à loisir favorise simplement son déplacement. Lis ayant toujours été plus ou moins égoïste, individualiste mais surtout débrouillarde, dépendre de quelque chose ou de quelqu'un lui fait se sentir faible. Prétendant n'avoir besoin de personne, son cœur de pierre s'endurcissant à chaque fois plus, le déni est plus fort que tout. Seulement, alors qu'elle progresse dans l'appartement en direction de la commode du frère, ses pas rythmés par le timide claquement de ses dents, elle doit bien avouer qu'il est l'une des seules personnes qu'elle considère comme réellement indispensable à sa survie. Peut-être représente-t-il également sa plus grande faiblesse mais, quoiqu'il en soit, jamais elle ne laissera personne se servir de ce lien fraternel pour l'abattre. Certainement dues à cela, leurs querelles incessantes n'eurent de cesse de les monter l'un contre l'autre avec une facilité déconcertante. Après tout, pourquoi ne pas se blinder dès le plus jeune âge ? Être terre-à-terre jeune permet de faire face à des évènements bien plus terribles, perturbants et choquants qu'une simple dispute et ce jusqu'à ce qu'elle n'aille trop loin ...

Cependant, son but n'était pas de mettre en péril les derniers liens les attachant l'un à l'autre mais plus de pouvoir dormir d'une traite d'une nuit sans rêve et peut-être même occulter quelques instants les souvenirs douloureux de la disparition de leur père ne cessant de revenir à l'assaut depuis son opération. Seulement, avec ces yeux d'un noir de jais semblables à ceux de leur géniteur, la brune peine à passer la moindre seconde sans voir en Ruben le père qu'elle aurait aimé avoir à ses côtés aussi longtemps que possible. Le destin en décida autrement puisque maudits, ils subirent les affres d'un accident les marquant à jamais et faisant regretter à Lisbeth d'avoir son permis à chaque fois qu'elle monte en voiture. La leçon ne dut pas être retenue puisqu'au lieu de se faire conduire à New-York, elle décida de s'y rendre elle-même dans ce vieux tas de ferraille à présent réduit en miettes. « On fait tous des erreurs ... n'est-ce pas Ruben ? » Le timbre de sa voix est hésitant, légèrement tremblant tandis que ses mains glissent le long de la fenêtre de la pièce principale de l'appartement dans le but de l'ouvrir. Rares sont les fois où la dernière des Nogard hésite à s'exprimer sur ce qu'elle ressent au fin fond de son être ou revient sur les évènements tragiques du passé qui les relient puisqu'ayant été vécus ensemble. Ses doigts enserrent la poignée de la fenêtre et bien vite, l'air frais de la nuit la frappe de plein fouet. Ayant décidé de bifurquer légèrement avant d'aller se changer, elle a besoin de sentir qu'elle est vivante ... Elle ne reste pas bien longtemps dans cette posture et, de toute manière, Ruben ne l'aurait jamais laissée prendre froid et encore moins à ce moment précis puisqu'elle était trempée des pieds à la tête. Un faible sourire nait sur ses lèvres puis, avant de fermer, elle se retourne brusquement vers lui les yeux exorbités. « Dis-le ... Dis-le ... je le savais ... toi aussi ... dis-le que nous sommes maudits ! » Entre temps, ses pas l'ont menée face à son frère, à quelques centimètres de son corps et ses petits poings s'abattent lentement sur son torse. Des larmes emplissent ses yeux mais son visage ne montre aucune détresse. Seul le son de sa voix est lourd de sens ...
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Ruben Nogard
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Ruben Nogard

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MessageSujet: Re: Wide Awake ▬ Ruben   Wide Awake ▬  Ruben EmptySam 23 Mar - 21:49


On tourne en rond, c'est un schéma répétitif qu'on ne peut réellement à changer. L'existence donne ses surprises comme ses dégâts, définir Lisbeth reste de l'ordre de l'impossible. Pourquoi, comment, et de quelle façon, moi même à ces jours, j'évite de trop m'y étaler, de voir la vérité qui au fond de ne moi, ne peut que me faire du mal. Des escapades, des engueulades, on se crache une vérité macabre à la figure, sans quoi notre vie ne serait que trop peu utile. C'est un amusement, comme un point noir sur le beau tableau que nous représente la famille Nogard. Quelque chose bascule, bouscule, et puis un jour comme un autre, rien ne va plus. Les sourires deviennent soupirs, la compassion devient rage. Sans comprendre, subir seulement, sans poser de question. Punition, décadence, quoi qu'il puisse en être, on ne change pas les gens. Encore moins avec un caractère comme le mien, ou comme le sien. Les discussions faites de franchise, d'amour dégoulinant, ce n'est pas pour nous, pas pour les enfants nés de la neige, tombés dans cette étendue froide, attendant le moment propice pour se relever. Le feu, la glace, une chanson inébranlable, qu'on n'oublie jamais totalement. Que suis-je alors ? La glace ? Serait-elle dans ce cas le feu brûlant, hardant ? Sans étonnement, je pourrais répondre que oui. Destructeur, l'un dans l'autre, nous nous tuons, sans ménagement, sans pour autant nous réduire à l'état de poussières. Bien qu'à la fin, nous ne ferons que le redevenir. Tu es né poussière, et tu le redeviendras mon cher, qu'importe tes choix, tes envies, il en est ainsi, du cercle de la vie. Nous sommes destinés à souffrir, à cracher le venin des serpents que nous sommes. Blanc, noir. Nos yeux ne sont pas similaires, nos caractères se retrouvent. Alors quoi ? Devrions-nous être inséparables ? Comme des jumeaux transis d'amour ? Dépendants ? C'est impossible, et ni moi, ni elle ne pourrons nous résigner à une telle situation. Par amour fraternel, je ne peux à la rejeter totalement. Parce que j'ai un coeur, un petit bout certes, mais il en reste juste assez pour que mon sang puisse ne faire qu'un tour en revoyant sa jambe postiche, qu'il puisse battre au son des grondements du tonnerre. Boum, boum, crac, boum. Encore, toujours, le son des tambours qui cogne contre mes tempes. Encore, toujours. Est-ce qu'elle peut l'entendre ? Je ne saurais le dire, avec un peu de chance oui. Mais, il se veut discret, un peu fourbe, un peu faux et fou. Lisbeth est une Nogard, et ce qu'elle veut, elle aura. Le souffle glacial d'une ère qui se répète. A quoi bon hurler, pourquoi ne pas s'en dépêtrer ? Claquer des doigts, viser la lune, la prendre entre ses bras, s'endormir dans sa lumière. Oui, quand on est magicien, on le peut. Pauvre mortel, pauvres petits gens que nous sommes. Même pas capables de se comprendre, de se cerner. Larmes d'un passé révolu, seules les armes se veulent levées. Ce soir peut-être, Lisbeth daignera laisser son arme dans son fourreau. Sans pour autant ne pas avoir une fiole contenant des blessures, des défenses que je ne peux réellement lui enlever. Il faut du temps pour mettre un climat de confiance, pour ne plus froncer les sourcils. De l'amour certes, mais énormément de temps. Des années surement pour effacer les rugissements de deux lions prêts à se battre pour leur fierté. Tomber, se relever, encore, toujours, les yeux dans les yeux, mais pas la main dans la main. Non pas hier, non pas aujourd'hui, et surement pas demain. Puis, une sensation froide, comme les lèvres de l'hiver se collant sur ma joue. Juste un baiser enfantin, un contact qui me refile des frissons. Non habitué à être tactile, encore moins à bichonner un visage, c'est presque chaque fois avec surprise que j'accueille une bouche sur ma joue. Agréable ou pas, la sensation reste la même. Un peu mitigée, peut-être même le gamin qui en redemanderait. Mais, ce ne serait pas digne de moi, pas dans mes habitudes. L'ours cloitré dans sa grotte ne ressortira que quand il en aura envie, et le dragon cessera de brûler des villages quand il sera fatigué de faire ainsi, de provoquer la désolation. Bien des années peuvent à passer, je n'ai jamais eu la bonne idée de me remettre concrètement en question. Un jour qui sait, viendra que je pourrais gueuler dans la rue que j'aime telle ou telle personne, que la vie se veut rose derrière mes yeux de charbons, que l'odeur que j'inspire n'est pas celle de la pollution fadasse, mais des fleurs violettes. Cette journée pourra se faire que mon entourage n'y comprendra rien. Ils m'enverraient d'ailleurs surement dans un asile, ou quelque chose dans ce registre. Un tel changement n'est pas naturel, soit vous êtes un beau drogué, soit complètement siphonné. Ni l'un, ni l'autre, je trouve un juste milieu dans ce que le bon petit peuple appelle la normalité. Relative, qui pourtant s'arrête à un point ô combien blasant. Moi, et Lisbeth, nous ne sommes plus dans cette jolie case, bien au contraire. J'évoque peut-être la peur dans des cas, ou même l'intrigue, quant à Lisbeth, j'ai plus eu la malchance de voir la pitié dans certains yeux qu'une force. L'associable et l'accidentée. Beau duo en toute circonstance. L'un qui ne sait pas s'ouvrir, l'autre qui le fait trop. Se faire accepter, ne pas avoir droit aux ricanements comme aux langues qui discutent trop. Oui, dans un autre monde, dans un autre univers, quand la terre cessera de tourner, quand l'humain comprendra sa plus grande bêtise. Soit ainsi, fait ceci, fait cela. Et puis c'est tout. « Tu as fumé ... » Profonde affirmation. Je ne fais qu'hausser les sourcils à sa réponse, je ne sais quoi y répondre, je n'ai pas à argumenter sur ce point. Au bout du compte, peut-être qu'elle sait qui cause mes états d'âme, qui me pousse sans le savoir, à me provoquer un cancer, à me faire mourir un peu plus. Je ne fais que réduire mon horloge, le temps qu'elle écoule. Une minute, deux, puis une heure. Plus tôt ou plus tard, qu'importe réellement, même toi petit soeur un jour, tu fermeras les yeux sans pouvoir te réveiller. Clope au bec ou non, sourire aux lèvres ou pas. C'est le silence du cimetière qui s'installe, tout juste si je n'entends pas les corbeaux au loin. Je m'y sens proche par mes vêtements, parce qu'ils sont présumés comme monstrueux. Mais, nous ne les connaissons pas assez pour pouvoir dire s'ils sont détestables. Jeté dans une déchetterie, mauvais jouet qui devrait causer, dire des compliments, aimer son prochain et qui n'y arrive pas, et puis au bout de l'appartement, nous avons la belle danseuse de porcelaine mais malheureusement unijambiste. Personne ne veut de nous, ou pas à notre juste valeurs. Accepter, ne pas accepter, tout dépend des gestes, des paroles lancées, des regards qui peuvent blesser.

Je n'ose pas répondre, je m'enferme dans ma propre armoire, derrière une armure qu'elle réussira à casser à tout les coups. Dressé comme un pique, au centre de la salle, j'ai plus tendance à me focaliser sur cette fenêtre que les bruits alentours. Et pourtant, ça claque, c'est maladroit, presque timide. Ce n'est pas Lisbeth la grande, mais la jeune et petite fille que j'ai pu connaitre, que j'ai aimé, et pour tout dire, que j'aime encore. Mais, de tout cela, elle ne le sait, elle ne se rend pas compte. Peut-être parce que je suis détestable, possible à haïr, tout comme elle. Pas vraiment, pas tellement. Je n'arrive pas à y mettre un seul mot, c'est incontrôlable. Envie de la serrer dans mes bras, comme de l'envoyer dans de jolies roses rouges. Nom d'un chien, c'est problématique. Encore plus que le cas Wharol qui à coup sûr, n'est pas en train de dormir, mais à la recherche d'une personne à voler. Par chance, je n'ai pas entendu ma porte s'ouvrir une seconde fois. Pour tout dire, je ne crois pas lui avoir jamais murmuré le prénom de ma soeur, mais, elle doit connaitre son existence. Le roux fourbe qui passe son temps à fouiller pour trouver des billets, mais aussi accroc invétéré à des substances blanchâtres. Vie de chien. On croit trouver le meilleur, et puis un jour, vient la claque dans la figure, même le coup de poing qu'on n'arrive pas à gérer, à voir arriver. C'est comme ça, on n'y échappe pas. Je nomme en première place, dame fatalité et ses raclures. « On fait tous des erreurs ... n'est-ce pas Ruben ? » Une première gifle, pour le moment presque gentille. Les paroles de Lisbeth peuvent parfois être dénuées de sens, ou bien complexes. Mais là, elle s'avère bonne dans son domaine de murmurer des vérités qui sont entendues, et qu'on n'oublie jamais. Une morale d'une histoire sans fin, sans cesse la même question et la même réponse. Pinçant ma lèvre inférieure, je me doute qu'elle n'a pas fini son plus ou moins monologue. Oui nous faisons des erreurs, mais pourquoi ? Allez savoir. Nous ne sommes bons qu'à ça après tout, faire des mauvais pas, des bons parfois, mais cela se fait rare. L'orage éclate, implose, explose en dehors, témoignant de notre lien qui se veut plus qu'électrique. Flamboyant, digne d'un grand pyromane. Perplexe face à ses gestes, la fenêtre ouverte puis fermée. « Dis-le ... Dis-le ... je le savais ... toi aussi ... dis-le que nous sommes maudits ! » Comme possédée par une bête sans nom, ses petites mains s'écrasent sur mon torse. Pas de douleur, juste la sienne qui me passe sous la peau, comme un coup de jus. Sa voix tremblante, je verrais presque ses yeux se changer en lourdes larmes. Je n'ose la regarder, pas encore. Je me met à prendre un certain temps avant de me rendre compte de son appel. J'ai peur, je pleure, je meurs un peu à l'intérieur. Une partie d'elle a disparu ce jour-là, durant cet accident, à l'hôpital. Je passais quand ses yeux étaient invisibles, quand elle ne me fusillait pas du regard, quand je n'entendais que le son de son souffle. Calme, apaisé. Le pays des rêves est le plus beau, mais une fois les ténèbres passant, rien n'est similaire. On change, on se détruit. Au bout de quelques secondes, mes mains prennent l'initiative d'arrêter son petit accès de violence, bloquant ses poings. Je ne montre pas, ou du moins pas plus que je ne le voudrais. Un frère normalement constituer devrait border, pleurer avec elle, ou même lui mentir pour lui inculquer la bonne manière des choses, l'illusion. Les chimères qui nous entourent ne sont pas bonnes, et Lisbeth est bien assez grande, a bien assez vécu pour qu'elle ne puisse plus totalement y croire. Les contes, c'est pour les gosses, on les laisse pour eux. Nous sommes adultes, âgés, trop bornés pour s'y résigner. « Ce doit être ça. Tout déconne chez les Nogard. On devrait peut-être faire appel à un conjureur, ce serait triste pour les générations à venir. Tu crois pas ? » Loin de là l'idée de me moquer, je veux juste lui faire oublier cette idée. Agir en bon type que je me montrais il fut une époque lointaine, même si je me doute qu'elle prendra surement ceci pour une attaque. M'importe réellement. Mais, elle est bien pire que logique dans ses dires. Un père décédé, une mère complètement siphonné, un fils associable et une fille brisée. On aime les choses cassées dans cette famille, le côté islandais, des grands paysages nordiques qui doit y jouer. Après tout, ils sont bien connus pour leur neige, tombante, encore et encore. Le sang qui s'y mêle. Déglutissant à cette pensée, je relâche l'étreinte autour de ses mains, une des miennes vient alors se glisser son menton. Relevant son beau visage. C'est une poupée. Modèle unique, impossible à reproduire et à avoir, et quiconque l'aura entre les doigts, devra la voir comme une collection, une denrée rare, parce que, c'est ce qu'elle est. Abordant un sourire en coin de lèvres, j'ajoute alors tout en caressant le bout de son menton du pouce. « Les colombes ne sont pas connues pour leurs complaintes et leurs larmes. » Et je me souviens, de cette période révolue d'une petite fille pas plus haut que trois pommes. Petite colombe, surnommée ainsi par mon paternel, et par moi quand l'envie me prenait. Parce qu'elle ne pleurait jamais, parce qu'elle souriait sans arrêt. Libre de ses actes, de ses gestes, aussi blanche et pure qu'une nuit d'hiver. A ces jours, elle a une aile en moins, elle doit prendre moins au sérieux ce voyage dont elle a droit, et pourtant, elle continue à voler du mieux qu'elle le peut. Le jour décisif, la chute sera décisive, elle ne pourra plus que marcher, sans pour autant perdre de vue son but. Vivre, vaincre, toujours et encore. Si au départ mes doigts s'attardaient à retracer ses quelques traits, ma paume vient à se glisser sur sa joue, me débarrassant d'une larme naissante dans le coin de son oeil. « Faire des erreurs, avoir la poisse, c'est... ce sont simplement les aléas de la vie. Même toi tu ne peux rien y faire. » Et je m'y sépare, je m'y enlève. Le contact rompu, brisé, mon bras retombe le long de mon corps. J'attends, je regarde, j'analyse, je ne sais pas trop. Je n'arrive pas à la laisser là. Qu'elle choisisse là où elle veut s'endormir, je m'y accommoderais, jusqu'au lendemain où tout redeviendra une habitude. Un automne aux feuilles mortes, un hiver aux flocons écarlates. La valse de la boite à musique grinçante.
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Lisbeth Nogard

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MessageSujet: Re: Wide Awake ▬ Ruben   Wide Awake ▬  Ruben EmptySam 30 Mar - 23:49

Avoir envie d'arracher les yeux de quelqu'un n'est pas forcément signe de folie. En quoi pouvons-nous qualifier la volonté de voir à travers les yeux d'un autre comme un crime ou une torture indéfinissable ? N'est-ce pas simplement de la curiosité ? Dans le cas de Lisbeth - qui aurait très bien pu se faire greffer la jambe d'une autre personne - vouloir emprunter les yeux de Ruben ne serait-ce pour quelques secondes lui paraît naturel mais irréalisable sans l'aide d'une petite cuillère ... Jeter un bref coup d’œil par dessus l'épaule de son aîné lui prend le temps d'une inspiration et, aussi rapide que l'éclair, elle sait d'avance qu'il n'a aucune idée du coup qu'elle prépare. Ses neurones chauffent, son cerveau entre en ébullition tant et si bien que son crâne se met à l'élancer tant et si bien qu'un début de migraine la frappe de plein fouet coupant cours à l'évolution de ce processus d’annihilation des globes oculaires de l'interlocuteur privilégié de la jolie brune. Vague à l'âme. Les portes de ce monde que l'on appelle "folie" s'ouvrent puis se referment lui faisant traverser des dimensions parallèles pour finalement se retrouver de nouveau dans cette pièce sombre illuminée de temps à autres par de brefs éclairs. Un retour à la réalité bien trop brusque, un voile recouvrant ses prunelles, une faiblesse passagère faisant ployer sa jambe valide aussitôt rattrapée par un réflexe venu de nulle part poussant son bras à s'agripper au chauffage situé en dessous de la fenêtre ouverte. Le sol l'attire, le sol l'appelle ... Une goutte de sueur se mêle aux gouttes de pluie coulant encore sur son visage blafard semblable à celui du croque-mitaine de leur village d'enfance.

Malgré ces quelques confusions entre réalité et ce vaste inconscient dans lequel son esprit prend plaisir à se baigner à corps perdu, Lisbeth -en apparence- n'en perd pas sa superbe. Le port altier, le menton relevé et le regard vif, ce bref instant où la petite fille qu'elle était reprenait le dessus sur l'écorchée vive que le présent tient entre ses mains est passé si vite que la différence est à peine perceptible. Cependant, Ruben n'en a pas loupé une miette. Un frère et une sœur aussi étroitement liés voués à se déchirer ne peuvent ignorer les maux de l'autre qu'il s'agisse d'en user à son avantage ou d'appuyer là où ça fait mal et, quoiqu'il en pense, elle sait qu'il sera toujours là pour elle même si leurs entrevues se soldent la plupart du temps par des cris et claquements de porte en guise de point final à leurs accrochages. Ne sachant pas vraiment quoi penser de ces liens -aussi fragiles que les fils d'une toile d'araignée face au toucher brut manquant cruellement de délicatesse des doigts d'une main humaine- qui les lient. Tous deux savent où frapper pour être le plus assassin et brûler les quelques restes d'humanité animant cet autre corps animé dans les veines duquel coule le même sang. L'un des deux est de trop ... Souvent, Lisbeth se surprend à penser que si Ruben n'avait jamais fait parti de sa vie, l'histoire de leurs parents en aurait été altérée. Peut-être n'auraient-ils jamais succombé à l'appel glacial de la Mort et aux griffes acérées de ses membres squelettiques les emprisonnant à jamais six pieds sous terre dans ce monde inconnu des vivants et tant redouté. Peut-être même que si elle, Lisbeth, n'était jamais venue au monde, Ruben aurait connu une toute autre vie, aurait été aimé de ses géniteurs et n'aurait jamais été ce jeune homme bougon et mal rasé se présentant l'air hagard devant elle, vide de toute chaleur et de tout sentiment. Les deux étaient faits de glace mais tous deux ne pouvaient l'être ... Lorsque le cœur de la petite-fille était de glace, animé seulement grâce à la magie, les flammes brûlaient au creux de la gorge de l'autre et n'attendaient que le signal opportun pour sortir d'entre ces lèvres sèches et brûler cet organe mort mais battant n'ayant jamais réellement eu droit à la vie ...

Dans un sens, elle savait que quelque chose clochait chez elle. Que tout ce qu'elle vivait n'était que le résultat d'une grosse farce ou d'un processus mis en place de A à Z où tous ici présent étaient manipulés. Était-ce un coup des martiens, ces petits êtres au crâne en forme de pastèque et aux yeux globuleux ? Lisbeth avait toujours cru en leur existence et pensait même que Regina, la femme la plus puissante de Taleville en était un pour bénéficier d'autant de pouvoir et de charisme ... Seuls les plus puissants, les plus intelligents et les plus riches étaient issus d'une autre planète de laquelle ils apportaient un savoir immense leur permettant d'accéder aux plus hautes instances de ce bas-monde qui était entre leurs doigts une reproduction aussi fragile que le verre qu'ils pouvaient détruire puis reconstruire à loisir. Et eux, humains, étaient leurs distraction favorite. Ils s'amusaient à leur faire vivre d'étranges aventures et s'amusaient à en torturer certains et leur ôter quelques membres pour voir de quelle façon ils s'en sortiraient. Voilà ce qu'elle pensait réellement de Regina et de ses sbires, raison pour laquelle elle les craignait plus que tout et évitait de les contrarier histoire de ne pas perdre la prochaine fois un bras ou une oreille ou de voir Ruben enrôlé à son tour dans le petit jeu auquel ils se livraient ... seraient-ils capables de couper des têtes et observer si le corps humain était apte à vivre sans cerveau ?

La migraine s'intensifiait. Ses oreilles bourdonnaient et pourtant, elle parvenait à saisir quelques bribes du discours de son chevelu de frère entre quelques faibles coups de poing, une remise en question et une supplication désespérée de sa part. « Ce doit être ça. Tout déconne chez les Nogard. On devrait peut-être faire appel à un conjureur, ce serait triste pour les générations à venir. Tu crois pas ? » Ses yeux globuleux et brillants, aussi noirs que le ciel à cet instant vinrent à la rencontre de ceux de sa sœur. Lisbeth ne savait pas vraiment si elle devait accorder de l'importance à ses paroles ou continuer à délirer pour se rassurer. Pourquoi Ruben ne serait-il pas lui aussi un extraterrestre ? Comment se faisait-il qu'il n'avait jamais été effrayé par les éclairs qui, à chaque fois qu'ils venaient briser le silence de leurs craquements sourds, faisaient sursauter la jeune femme dont la gorge se resserrait et les membres se raidissaient ? Étaient-ils réellement humains ceux qui se croyaient assez puissants pour ignorer ces déchirements pesants et effrayants ? « Tu crois vraiment qu'il y en aura d'autres ... des Nogard ? » Vain espoir qui naissait à son esprit, Lisbeth ne pensait pas avoir la capacité de mettre au monde des descendants ... Peut-être que Ruben en serait capable et alors, considérant cette possibilité, une autre question lui vint à l'esprit. « Comment on contacte un conjureur ? Tu as l'annuaire de Taleville qu'on jette un coup d'oeil ? » Le plus sérieusement du monde, Lisbeth s'apprêtait à partir à la recherche du recueil répertoriant le numéro de téléphone de tous les habitants du coin mais également des professionnels officiant sous le dôme maudit recouvrant la ville. Ses petites mains étaient retenues par celles plus grosses de l'aîné qui, froides, la ramenaient tant tôt à la raison, tant tôt paralysaient son raisonnement rationnel. « Qui sait ..., s'il avait raison, la malédiction les quitterait à jamais et ... peut-être que dans ce cas-là ... ses yeux fixèrent le torse de Ruben pleins d'espoir et de peine nous changerions ...» par cela elle entendait leur nature respective les poussant à s'affronter sans jamais trouver de répit nécessaire et apaisant. À présent persuadée que cette malédiction pesant sur leur famille depuis des années était la principale cause de leurs rixes incessantes, Lis' était bien décidée à y mettre fin. Mais avant qu'elle ait pu faire le moindre geste, son menton fut enserré entre le pouce et l'index de la main de l'homme. « Les colombes ne sont pas connues pour leurs complaintes et leurs larmes. » Perdue entre deux mondes, la colombe bat mollement des ailes dans le vain espoir de trouver une terre d'accueil au cœur de ce monde béant, dévasté, effrayant et redoutable menaçant à tout moment de l'engloutir entre ses entrailles. Les caresses prodiguées par son pouce sont un regain de vie, une chaleur pénétrant sa peau pour venir insuffler un regain de vie à ce corps bien trop froid. La jeune femme cligne des yeux, observe ce sourire en coin et détourne le regard. « Papa aurait dit la même chose ... avant ... » Et ce souvenir la ramenait à des années lumières auparavant lorsqu'elle avait encore ses deux jambes et du baume au cœur ...

Elle lui en voulait de ranimer des souvenirs à la fois joyeux et tristes. Hésitante entre ses deux émotions, elle ne savait jamais réellement comment prendre les choses lorsqu'il la ramenait des années en arrière et se heurtait souvent à un mur d'incompréhension l'empêchant d'avancer et d'apprécier ces douceurs du passé comme elle aurait du le faire ... peut-être bien parce qu'elle n'arrivait pas à se remémorer autant de choses que lui et qu'elle l'enviait. Mis à part quelques vagues souvenirs du géniteur, elle ne conservait pas grand chose de lui mais savait qu'elle l'aimait autant qu'il l'aimait. Cette petite colombe n'était autre qu'elle mais maintenant, la colombe était handicapée et ne pouvait plus voler aussi gracieusement qu'avant entre les nuages. Braver les tempêtes n'était plus de son acabit et voler des heures durant non plus. Condamnée à garder les pattes sur terre, l'équilibre qui était le sien auparavant n'était plus aussi facile à trouver. Ce moignon d'aile n'était pas substituable ... la douceur et les propriétés des plumes étaient inégalables tant et si bien que même aidée par cette aile artificielle, ses repères étaient brisés. De tous les amis de la colombe, il est le seul à encore croire en elle lui le dragon ... « Faire des erreurs, avoir la poisse, c'est... ce sont simplement les aléas de la vie. Même toi tu ne peux rien y faire. » Sa main chaude glisse sur son visage froid. Elle ferme les yeux comme balayée des pieds à la tête d'une vague de chaleur bienfaisante, ignorant cette larme qui perle au bord de ses yeux mais qu'il essuie de sorte à ce que ce soit comme si elle n'avait jamais pleuré. Immobile face à lui, elle puise dans cette force qu'il lui transmet et se sent comme abandonnée lorsqu'il laisse son membre retomber le long de son corps. Ses yeux se rouvrent, son regard est plus doux et elle en viendrait presque à lui demander de maintenir le contact mais elle ne peut se résoudre à formuler sa requête de vive voix. Alors, souriant timidement sans que son regard ne se départisse de cette mélancolie, elle vient à son tour à sa rencontre et saisit ses doigts entre les siens pour l'attirer à sa suite. « Allez viens RubRub', on va chercher l'annuaire et la plus grande de tes chemises dont je me vêtirais pour m'y blottir puis m'y perdre. » Passant devant le tiroir à couverts, le souvenir de la petite cuillère ne lui revient même pas à l'esprit ... Combien de temps lui reste-t-il avant d'avoir envie de, cette fois-ci, lui arracher les dents à l'aide d'un casse-noisette ?
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